par Jérôme Klein, spécialiste certifié du Japon
Malgré votre envie de (re)partir, les avions restent au sol. Je vous propose donc de vous faire voyager depuis votre fauteuil, en attendant que les vrais voyages au-delà de nos frontières soient de nouveau d’actualité.
Aujourd’hui, je vous emmène loin du Québec, à quelques 10 000 km, sur une île pas comme les autres. Un morceau de terre bien plus petit que le Canada, mais qui compte quatre fois plus d’habitants que chez nous! C’est un voyage vers un mode de vie complètement différent. C’est la découverte garantie d’une autre culture et d’une énergie qui intrigue. Je vous emmène au Japon.
Bienvenue à Tokyo, une des aires urbaines les plus peuplées de la planète. Ma première sensation c’est le monde et la foule partout! Pourtant, je note qu’il n’y a aucune bousculade, même dans les gares ou dans les trains bondés. Mon guide parle un français impeccable. Il m’explique que même avant la Covid-19, tout le monde au Japon, y compris les plus petits - porte un masque pour se protéger et protéger les autres d’un rhume ou d’une grippe. C’est la culture. Le Japon étant un pays où on a toujours porté le masque, on ne se sert pas la main pour se saluer et on fait encore moins la bise, la transmission du virus est moins importante. De plus dans l’espace public, les transports sont bien plus propres que dans un grand nombre de pays du monde. Ceci explique qu'à ce jour, le Japon connaît 3 fois moins de cas qu’au Canada avec une population 4 fois plus nombreuse.
Tokyo
Avant de partir découvrir les campagnes nipponnes, je souhaite faire un bref arrêt à Tokyo.
Tokyo est un peu désarçonnante. Je dois dire que j’ai du mal à m’y retrouver parce que les repères ne sont pas les mêmes ici. Partons visiter le quartier de Shibuya, un des quartiers les plus emblématiques de la ville, le plus lumineux aussi avec en son centre un énorme carrefour piéton, lui-même entouré d’immeubles avec d’immenses écrans vidéo qui diffusent des pubs jour et nuit! Au Canada quand on fait son magasinage, les boutiques ont pignon sur rue ou sont dans un centre d’achat, mais là-bas, il y a une troisième formule: pour faire ses achats à Shibuya, il faut entrer dans des immeubles d’apparence tout à fait banale et emprunter l’escalier ou l’ascenseur. Il faut juste savoir qu’au premier étage, on y trouve un magasin de vêtements, au deuxième un cabinet dentaire et au troisième une étude de notaire ou un salon de toilettage pour chiens! Comme tout est indiqué de manière succincte et en plus en japonais, mieux vaut que je compte sur mon guide sympathique et qui parle français pour m’y retrouver!
Les cerisiers
Mon moment préféré pour aller au Japon, c’est le printemps. C’est le temps des cerisiers japonais en fleurs. Les Japonais, comme vous savez peut-être, leur vouent une réelle admiration et quand les fleurs éclosent, c’est le temps des festivals qu’ils nomment anami. C’est comme une véritable fête nationale! C’est vrai, la floraison très éphémère de ces bourgeons rose pâle est magnifique. Les arbres fleurissent partout dans les parcs, en ville comme en campagne. Il faut en imaginer des centaines, tous bien alignés, couverts de bouquets d’un rose léger et délicat. Ces festivals ont tellement d’importance dans la culture japonaise qu’à la télé, chaque soir, un présentateur vous donne la carte météo des cerisiers qui fleuriront le lendemain! La tradition veut qu’on vienne s’installer avec la nappe et le panier pique-nique au parc pour festoyer sous les bourgeons. Ils ont même un dicton qui dit « si un pétale tombe dans un verre, trinquez de plus belle, car c’est le signe que la chance est à venir ». Tout cela est assez amusant à voir, surtout les fins de semaine, lorsque les Japonais se réunissent autour d’un bon saké sous les arbres. Au bout d’un moment évidemment on passe de la version japonaise très polie et mesurée à la version plus relâchée et désinhibée, le saké aidant. J’en profite toujours alors pour tisser des liens avec les Japonais avant que leur vraie pudeur, à mi-chemin entre réserve et timidité. refasse vite surface. Lorsqu’on va au Japon, le plus long n’est pas le voyage en avion, c’est plutôt d’essayer d’approcher et de comprendre les japonais et leur culture. Ça, c’est le plus beau des voyages!
En vol
Le Japon est à quelque 10 000 km à vol d’oiseaux du Québec. Il faut compter quelque 12 heures d’avion en vol direct depuis Montréal. Je vous rassure: les scientifiques comparent les filtres à air des avions à ceux de nos blocs chirurgicaux. «Une filtration d’air accrue grâce à des filtres à particules à haute efficacité élimine 99,993 % des bactéries et virus», peut-on lire chez Transports Canada. Le port du masque à bord est aussi obligatoire pour le moment. Comme la durée du vol le permet, je conseille souvent une escale à Vancouver pour se dérouiller les jambes. Air Canada et All Nippon, la compagnie japonaise, proposent des vols directs quotidiens. Le service est excellent. All Nippon offre même des très bons repas japonais en classe économique à tous ses passagers et beaucoup d’espace à bord.
Géographie
Le Japon est un archipel de quatre grandes îles et d’un filet autres îles minuscules tout au sud, qui s’étendent sur plus de 3 000 km. On y trouve donc différents climats du nord au sud. À l’est, vous avez la mer du Japon, à l’ouest de l’archipel, l’océan pacifique s’étire jusqu’à l’île de Vancouver. Lorsqu'il est 10h00 à Montréal, il est 23h00 au Japon.
Politesse
Le Japon du quotidien est parfois déroutant. Il faut s’amuser à déchiffrer les codes de politesse qui font partie de la culture japonaise. Cela aide pour bien profiter de son voyage. La bonne préparation du voyage et un bon accompagnateur, là où j’en ai besoin, font toute la différence. Les Japonais sont très discrets et ne montrent pas facilement leurs sentiments. Il faudra donc percer un peu le mystère de leur réserve pendant ce voyage. Dire non pour un japonais n’est pas de mise, car ce serait une affirmation bien trop directe. Le japonais préférera dire un instant ou laissez-moi réfléchir avec un sourire en coin et un hochement de tête. Il faut savoir décoder! Au Japon, je profite de l’attention qu’ils me portent et j’apprécie toujours leur politesse et savoir-vivre, partout en public. Jamais personne ne se bouscule. Jamais personne n’importune l’autre. À bord du train ultra- rapide qui m’amène de Tokyo à Takayama en 90 min seulement, pour découvrir les Alpes japonaises et le Japon ancestral, les cellulaires sont éteints pour ne pas déranger ses voisins. Malgré la foule, aucun peuple ne m’a jamais paru aussi serein et silencieux. Ici, de fait, la « distanciation sociale» s’applique à la lettre. Un autre aspect intéressant, c’est la ponctualité. Savez-vous que pour être ponctuel au Japon, il faut arriver 10 minutes avant l’heure? Cette extrême politesse, si difficile parfois à appréhender...
Un jardin
Pour comprendre l’essence même du Japon, rien de mieux que la visite d’un jardin japonais. Il y règne une harmonie qui sublime la nature, lacs, mers, forêts et montagnes - en la reproduisant sur un espace miniature grâce à la conjugaison d’éléments comme les points d’eau, la lumière, les roches, les arbres, la mousse végétale. La nature est sacrée et les maîtres mots du jardin japonais sont simples: la sobriété, le calme, la souplesse et l’équilibre. C’est d’ailleurs pourquoi les moines bouddhistes zen viennent y méditer depuis des millénaires. Nous sommes arrivés à Kyoto et je vous emmène découvrir un très beau jardin japonais. Kyoto, c’est un peu le passage obligé du touriste au Japon. C’est la ville des temples et jardins paisibles, subtilement et magnifiquement entretenus. À Kyoto, on trouve 17 sites classés au patrimoine mondial de l’humanité et aussi ces petites maisons de bois traditionnelles, aux pièces en tatamis, aux portes en papier mashi, qui ont de quoi vous dépayser. Kyoto, c’est un peu le Japon d’autre fois comme on l’imagine. Le fameux temple-jardin Ryoanji a été fondé il y a plusieurs siècles. Les Japonais font la queue pendant des heures pour visiter ce jardin magnifique. À tel point que l’on me conseille d’y aller au petit matin, avant l’arrivée de la foule. Je me lève donc à 5h30 pour être devant à 7h! Je suis accueilli par mon accompagnateur à l’entrée qui me fait enlever mes souliers. Vous entrez sur la pointe des pieds sans oser parler fort parce que l’endroit est très calme. Dans la cour, entourée de quatre murs, j’observe le gravier qui tapisse le sol, parfaitement aligné au millimètre prêt, et les 15 petites roches déposées là, comme au hasard. Il y a des bancs pour s’asseoir et regarder et...c’est tout! Sur les conseils de mon guide, je me concentre pour contempler ce cadre enchanteur, pour ressentir moi aussi l’énergie et le lâché prise! La disposition des pierres influe sur la biochimie du cerveau pour nous apaiser, me dit mon guide. Mais il ajoute aussi qu’il est préférable de ne pas toujours chercher à vouloir tout comprendre avec cet esprit cartésien qui nous caractérise, nous les Occidentaux...
Le Japon est vraiment un voyage extrêmement dépaysant. Entre Hiroshima et Kobe, il vous faut 72 min pour parcourir les 253 km ! À bord du train ultra moderne, je m’amuse toujours à observer les Japonais. Que font mes compagnons de voyage à bord: ils parlent peu, surfent sur le net, lisent un manga érotique et mangent un bento, ce panier-repas plein de produits frais et délicieux qui s’achète partout lorsqu’on mange à l’extérieur.
Le Monde des Geishas
C’est le moment où jamais de tordre le cou à certaines idées reçues comme celle d’assimiler la geisha à la prostitution. Le terme geisha reste galvaudé en occident. Littéralement, la geisha est une jeune fille qui pratique les arts pour divertir ses hôtes: la musique, la danse, le chant, l’art floral et la cérémonie du thé. Les geishas sont donc raffinées, cultivées et c’est pour ces jeunes filles l’aboutissement d’un long parcours et d’un enseignement multidisciplinaire rigoureux et difficile. Rien à voir donc avec notre fantasme occidental. Être geisha est tout un art subtil, prestigieux et très bien considéré au Japon. Ces dames de compagnie ne parlent jamais d’argent avec le client. Ce dernier recevra la facture à domicile, une facture plutôt salée, d’ailleurs. Dans la culture nipponne, l’interdit ne porte pas sur la nudité, mais bien plus sur l’expression des émotions. Il est donc très mal mal perçu d'afficher ses sentiments en public. Au Japon, s’embrasser dans la rue, par exemple, n’est pas concevable. Ce serait considéré comme de la transgression à l’état pur!
Le bain à la japonaise
Je vous emmène sur l’île de Kyushu dans un onsen. C’est un vrai rituel, pas juste réservé à l’hygiène. Le bain au Japon fait partie des plaisirs de la vie. Les Japonais adorent l’eau et le pays en déborde venant des montagnes et sources chaudes volcaniques. Le bain se dit « O furo ». Le O devant le mot bain confère même un sens honorifique à ce mot. Ma guide m’explique s’y rendre au moins une fois par semaine, un peu comme les Français vont au café - me dit-elle. Dans les foyers japonais, la baignoire est plus haute que chez nous, souvent en bois. Vous en ferez l’expérience si vous séjournez dans une auberge traditionnelle appelée ryokan. Un système très sophistiqué permet de régler l’heure du remplissage, le niveau et la température de l’eau. Mais surtout au Japon, on se lave avant de pénétrer dans la baignoire ou dans un onsen: on s’assoie sur un petit tabouret, on se savonne, on se rince en prélevant de l’eau avec un récipient en bois à l’aide d’une petite douchette. C’est une fois bien rincé et propre que l’on entre dans l’eau du bain très chaude, jusqu’à 45 degrés. Un autre détail surprenant : chez soi, on ne vide pas l’eau du bain. L’eau du bain est réutilisée par tous les membres du foyer, les uns après les autres, puisqu’elle est propre ! Certains japonais prélèvent même cette eau propre pour leur machine à lavée le linge. Un bon concept écologique!
La cuisine du Japon
L’adage « l’homme ne se nourrit pas que de nutriments, mais de symboles » prend tout son sens ici. Le rapport aux aliments est différent. L’esthétisme de l’assiette, l’alliance des couleurs, la qualité des produits et le respect des saisons jouent un rôle très important dans la cuisine japonaise. On dit du dernier fruit de la saison qu’il est lui-même «triste» nagori: il pourrait être très mûr et vous dire au revoir jusqu’à l’année suivante. Il faut donc apprendre à savourer la bouchée et apprécier cette nostalgie en bouche. Mes incontournables sont les tempuras (poissons ou légumes légèrement frits et croquants), les takoyakis (boulettes de poulpes) les yakitoris ( brochettes de viandes grillées) ou encore les gyozas (raviolis grillés de légumes ou de viande). À chaque restaurant sa spécialité. À chaque plat sa recette populaire, simple et peu coûteuse ou bien sa version étoilée, plus sophistiquée. Si au Japon on ne livre pas les sushis à domicile comme chez nous, c’est parce que le riz du sushi doit être servi à une température très précise, proche de celle du corps. Un Maître de sushis me raconte qu’il lui a fallu cuire du riz pendant 10 ans tous les jours pour enfin obtenir la température souhaitée, avant d’ouvrir son restaurant; un autre me souffle qu’il a pour habitude de goûter l’eau de mer pour mieux choisir les poissons qu’il utilisera pour ses convives. Je vous apporte un peu des saveurs du Japon dans votre cuisine avec cette recette de yakitoris.
*Dès la réouverture des frontières japonaises aux touristes, Espace sélect vous proposera à nouveau ses séjours au Japon.
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Regardez ici la vidéo sur le Japon (1min)
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